Le "parasitage" des consultants

La semaine dernière une dame venue me consulter me demande ce que je perçois pour son fils au niveau de son travail. Elle croit bon d’ajouter avec emphase que tout va très bien pour lui, qu’il est bardé de diplômes, qu’il réussit formidablement… à se demander finalement pourquoi elle veut que je lui en parle...

C’est évidemment une manière de me glisser ce qu’elle a envie d’entendre, que tout va très bien, que son fils va poursuivre cette carrière si merveilleusement entamée. Je mets de côté ses désirs, lui demande de se taire et regarde ailleurs pour me laisser inspirer. Et alors les informations arrivent : le fils s’ennuie, il stagne et n’évolue plus dans ce travail qu’il a pourtant choisi lui-même. Pire, on le dénigre : il fait des bourdes, se trompe souvent et n’atteint pas ses objectifs ! Sa reconnaissance auprès de ces collègues décroit, sa motivation est atteinte. "Il veut partir Madame, il veut changer de vie." La mère est choquée, dans quoi son fils, haut fonctionnaire, va-t-il se recycler ?

Dans cette consultation, le parasitage, c’est l’angoisse de la mère qui ne saisit pas la carrière de son fils. Je comprends également qu’il ne lui raconte rien de ce qu’il vit car le monde dans lequel il évolue lui est complètement étranger. Sa grille de lecture, ce sont les diplômes de son fils, son salaire et son sourire : tout va bien. Illusion entretenue parce que c’est ce qu’il lui assure, pour la rassurer sans doute et peut-être aussi pour avoir la paix. Le fils protège la mère – on peut comprendre – et la consultation aura apporté à la mère un éclairage nouveau à la compréhension de son fils.

Un soir assis en face de moi, un jeune homme pâle, en jogging, pas coiffé. Je m’intéresse à sa vie active et ignore sa nonchalance en fermant les yeux. Je le perçois donner des ordres, diriger, manager. Contexte professionnel sérieux et impeccable, des gens en costume... On y parle de droit, de patrimoine, d’argent sans doute... Rien à voir avec son allure face à moi : le consultant baille ostensiblement, il se gratte, regarde son téléphone ! Drôle de personnage et pourtant j’insiste : ce type est fait pour être cadre ; il aime le challenge et commander, c’est un ambitieux qui en veut. Finalement il confirme qu’il gère un portefeuille dans une banque et qu’il consulte pour savoir quand on lui confiera la direction de l’agence.
Ici le parasitage est la communication non verbale et l’allure extérieure du consultant extrêmement trompeuse. À la fin de l’entretien, il s’excuse : il a passé une heure en salle de sport pour évacuer la pression de la journée et n’a pas eu le temps de repasser chez lui avant de venir.
Ce petit exemple illustre qu’un praticien ne peut et ne doit en aucun cas faire reposer sa consultation sur ce type d’éléments extérieurs. Selon les sceptiques, les voyants ne font que compiler ce genre d’informations, c’est de la lecture froide.

Le parasitage peut être verbal ou non verbal. À chaque consultation, le praticien doit reconstituer une bulle et ne pas tenir compte du consultant assis en face de lui ou au bout du fil. Drôle de gymnastique donc puisque le client consulte précisément parce qu’il a un besoin d’écoute et d’une certaine prise en charge. Comment dans ce cas faire comme s’il n’existait pas ? Pourtant si l’on souhaite qu’un voyant délivre des informations les plus objectives possibles, il convient de ne pas le gêner en lui racontant sa vie, ou pire en lui expliquant ce qu’il serait arrangeant d’entendre... Pour faire fonctionner son « organe », le voyant doit éviter de se laisser contaminer par une empathie facile et trompeuse.
Comme une consultation ne peut se déshumaniser absolument et que les voyants sont des êtres sensibles, faire une consultation implique d’être très conscient de tous ces processus et de constamment composer avec.

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