Combien y a-t-il de voyants en France ?
Extrait de Comprendre la Voyance, éditions Trajectoire 2015, reproduction interdite
L’évaluation du nombre de praticiens est très compliquée. Puisqu’il n’y a pas de nomenclature précise concernant l’activité de consultation de voyance, lorsqu’ils se déclarent, les praticiens choisissent une catégorie "approchante" autour des métiers de conseils ou des services personnels dans lesquels entrent des professions qui n’ont rien à voir. C’est ainsi que dans la sous-classes des "autres services personnels" de la nomenclature de l’Insee dans laquelle se rangent les "activités des astrologues et des spirites" on trouve aussi les sophrologues, les cireurs de chaussures, les voituriers indépendants, les tatoueurs, les accordeurs de piano ou encore les toiletteurs canins. De fait, les voyants se trouvent englobés dans un inventaire à la Prévert ou répartis dans des catégories qui ne sont pas toujours les bonnes. Comment les comptabiliser avec précision et connaitre le poids du chiffre d’affaire de cette activité-là sans compter les autres qui n’ont aucun rapport ? Si on ajoute que l’activité de voyance se confond souvent avec celle de l’astrologie et de toutes les activités connexes aux arts divinatoires, le recensement devient un vrai casse-tête tant les appellations et les dénominations de ce que proposent les praticiens fluctuent aussi. Voyance, médiumnité, conseil intuitif, taromancie, coaching, thérapie holistique, chacun peut rebaptiser sa pratique et la catégoriser comme bon lui semble.
Sur le site de l’Insee, dans la sous-catégorie des autres services personnels dans laquelle sont supposés se regrouper les voyants, l’Insee indique qu’il existait 32023 entreprises en 2011 pour un chiffre d’affaire de 1 milliard 362 millions d’euros. Mais comme indiqué plus haut, dans cette catégorie les voyants se mélangent à d’autres activités, le nombre total de praticiens est évidemment nettement inférieur.
Pourtant, régulièrement dans la presse, le chiffre de 100000 praticiens est avancé, dont la moitié ne serait pas déclarés. On ne sait guère comment on tombe sur ce chiffre, peut-être en croisant ceux de l’Insee pourtant inférieurs, les données du RSI, régime social des indépendants qui possède aussi sa propre nomenclature et ceux de la direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes. Cela est une hypothèse car à notre niveau, les personnels que nous sommes parvenus à joindre au sein de ces différents organismes n’ont pas été en mesure de nous fournir la moindre donnée chiffrée sur l’activité précise de voyance ! Selon la voyante belge Esméralda Bernard, le nombre des voyants exerçant en Belgique est tout aussi difficile à évaluer : "ils sont mélangés à tout et n’importe quoi."1
Une rapide recherche dans les annuaires du type des pages jaunes fait ressortir par exemple que sur Paris intra-muros, à peine plus d’une centaine de cabinets sont listés quand 350 adresses ressortent seulement sur la région île de France ; soit une adresse pour 35000 habitants. Sur une ville comme Lyon, nous ne relevons guère plus d’une trentaine d’adresses soit une pour 15000 habitants. À titre de comparaison, en France, on dénombre un médecin généraliste pour 300 habitants. Sur le site guidelavoyance.com qui compte comme un des sites les plus fréquentés et les mieux référencés sur le sujet, son webmaster, le voyant Stanislas Delorme répertorie seulement quelques 500 professionnels dans l’annuaire. Cela ne peut compter comme un vrai recensement car des praticiens uniquement détenteurs de numéros portables ou les derniers réfractaires à internet qui n’ont pas de site web peuvent n’être répertoriés nulle part. Ceux ne comptant que sur le bouche à oreille et la diffusion de leur carte visite, ceux n’étant pas déclarés ainsi que ceux officiant sur les plateformes échappent aussi à cette estimation. Mais tout de même, comment arrive-t-on à ce nombre de 100000 professionnels dont 500 seulement, soit 0,5 % serait inscrit à l’annuaire du guidedelavoyance.com qui compte, comme dit plus haut, comme une référence ? De même l’INAD qui avance aussi ce nombre de 100000 praticiens n’en compte dans ses membres affiliés, que quelques centaines ! Une proportion dérisoirement faible de même pas 1% des voyants qui adhèrent à ce que d’aucuns présentent comme le syndicat national de la profession et la référence en matière de chiffre ! Mais où sont donc les 100000 voyants ? Nous devrions en avoir un pour 600 français ou 166 pour 100000 habitants ce qui ferait une fois et demi le nombre de pharmaciens en France. N’en verrions-nous pas davantage autour de nous ? N’en entendrions-nous pas parler beaucoup plus ?
On avance aussi souvent aussi qu’un français sur 4 ou sur 6 consulterait régulièrement alors qu’il n’existe pas vraiment de sondages réalisés sur le sujet. Dans son supplément "voyance et paranormal" de août 2004, le magazine Marie-Claire indiquait que 21% des femmes avaient déjà consulté une voyante2. Dans une étude plus récente publiée par le magazine ça m’intéresse, 16% seulement des personnes interrogées auraient déjà consulté un voyant ou vécu un phénomène de voyance3. On lit parfois aussi que 15 millions de consultations seraient réalisées chaque année en France, ce qui permet de retomber sur ce chiffre qu’un français sur 4 consulterait chaque année. Mais cela ne tiendrait pas compte de ceux qui consultent plusieurs fois par an. Conditionnel, conditionnel et encore conditionnel : l’évaluation précise de toutes ces données est particulièrement incertaine ; les véritables chiffres pourraient être bien plus faibles, peut-être à peine 15 ou 20000 voyants exercent en France.
La plupart sont des professionnels déclarés en tant que travailleurs indépendants – tel que les médecins, les avocats ou n’importe quel commerçant – sont redevables de cotisations sociales, sont soumis à la TVA sur toutes leurs prestations et sont en mesure de fournir une facture.
1 - Propos recueillis en juin 2015
2 - Marie-Claire, n°624, août 2004
3 - Ça m’intéresse n°406, p 68, enquête réalisée en 2014 sur un panel de 328 lecteurs du magazine.
Commentaires
impossible de laisser un commentaire, le voyant est sourd en plus ???
Tant que les voyants n’auront pas un statut clair et précis, leur nombre exact restera flou…
D’une part, les praticiens sont souvent polyvalents en matière de “bien-être” (soins, développement personnel, coachings divers) et d’autre part, beaucoup d’activités complémentaires, non déclarés,
Les “purs” voyants professionnels ne vivant que de cette activité et de manière déclarée semblent minoritaires !