Apprendre la voyance
L’apprentissage de la voyance, mais de quoi parle-t-on ?
On lit et on entend souvent que la voyance est un don, que cela ne s’apprend pas. Voilà une assertion un peu rapide qui stérilise toute discussion sans prendre soin de détailler ce de quoi on parle. Voyance est un terme fourre-tout qui comporte plusieurs significations.
À l’origine du mot, on en trouve un autre : clairvoyance. Inventé vers la fin du XIXème en Europe au moment où des scientifiques se regroupent pour mener les premières recherches en parapsychologie, il désigne la capacité d’un sujet à obtenir des informations sur une cible inaccessible à tous moyens sensoriels conventionnels. L’emploi de ce terme se retrouve dans les recherches menées sur Alexis Didier, un voyant prodigieux comme le nomme le philosophe Bertrand Meheust dans le livre éponyme qu’il lui consacre. Dans les innombrables tests auxquels il se prêta devant des publics de curieux, de savants ou de sceptiques, l’intéressé était capable de décrire ce qui se passait dans une autre pièce, l’intérieur de l’habitation d’une des personnes présentes, de décrire un livre tiré au hasard d’une bibliothèque. On parla initialement de clairvoyance pensant qu’il s’agissait d’un sens étroitement lié à celui de la vue.
C’est probablement aussi parce que tous les voyants étudiés utilisèrent abondamment le verbe "voir" pour expliciter leurs perceptions qu’on les nomma "clairvoyants" puis "voyants".
C’est dans les années 20 que le terme "voyance" finit aussi par désigner la consultation. Le résultat de la rencontre entre un voyant et un consultant devient une "voyance". On se fait "faire une voyance" comme on a pu, pendant l’Antiquité, aller "écouter l’oracle". C’est à ce moment-là aussi que le terme prend la connotation de "prédire l’avenir".
Apprendre la voyance ?
La voyance est souvent considérée comme un don, une disposition que certains ont et d’autres non. Les études statistiques menées sur des sujets doués et non doués ne permettent pas de prouver qu’il s’agit spécifiquement d’un don. Dans les faits, il semble que cette disposition soit une capacité, une propriété que chacun possède. Et comme toute capacité, on peut supposer d’une part que certains ont plus conscience que d’autres de la posséder et que d’autre part, d’aucuns savent mieux s’en servir que d’autres.
Apprendre à utiliser cette capacité n’est pas un non-sens. Au même titre que l’on peut entraîner et développer sa mémoire ou n’importe quelle propriété physique, utiliser sa capacité de voyance peut se stimuler, s’optimiser. Toutes les pratiques autour de la méditation sont bienvenues et fondamentales. Elles sont indispensables pour acquérir cette paix intérieure permettant de conscientiser les informations intuitives perçues. Des techniques existent pour améliorer la compréhension de ce qui se joue lorsque l’on met en œuvre ce fameux "6e sens". Quels sont les mécanismes cognitifs lorsqu’une information intuitive "arrive" ? Comment d’ailleurs reconnaître que ce qui vient à l’esprit est bien une information intuitive, un flash de voyance comme certains disent et pas le fruit de son imagination, une pure invention ?
Si la voyance est une capacité présente en chacun, l’utiliser correctement peut s’apprendre. Un grand nombre de praticiens apprennent seuls, comme des autodidactes en vérifiant l’adage que c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Il en va ainsi de nombreux métiers artisanaux d’ailleurs. L’exercice professionnel de la voyance peut s’assimiler à ce type d’activité et on remarquera qu’en France, le statut d’un praticien déclaré est précisément le même que celui d’un artisan.
Quid de la consultation de voyance ?
Faire de la voyance pour quelqu’un, c’est-à-dire recevoir une personne et réaliser une consultation en utilisant principalement sa capacité de voyance est-il quelque chose d’inné ? Y a-t-il vraiment des personnes douées pour cela et d’autres non ? Comme pour toute activité, il n’y a pas de raison pour qu’il n’y ait pas une part de talent. Accueillir quelqu’un et lui parler d’elle nécessite d’aimer les gens, et de posséder, à minima, un sens relationnel. Certains parlent d’une vocation pour un métier principalement structuré autour de l’idée que le voyant, de part ce qu’il dit, apporte une aide à celui qui le consulte. Qu’il soit pro ou amateur, le praticien se sent souvent fait pour cela et c’est probablement cela qui entretient l’idée du don de voyance.
Toutefois, des personnes peuvent être parfaitement douées du point de vue de la capacité de voyance et complètement inefficaces dans le face à face qu’est la rencontre avec un consultant. L’attente du consultant, son besoin d’entendre certaines réponses, son idée de la consultation sont autant d’aspects qui agissent comme des filtres dont le praticien doit savoir tenir compte. Une patience de sa part et une conscience de ce qui se joue entre lui et le consultant sont indispensables pour lui permettre de « parler » en produisant un maximum de voyance ; c’est-à-dire en explicitant des informations produites par la capacité intuitive en laissant de côté celles produites par toutes les déductions et analyses – souvent inconscientes – formées par la communication qui se joue avec le consultant et ses attentes.
Et tout cela peut s’apprendre. Un praticien soucieux de progresser comprendra probablement par lui-même au fil de ses consultations. "C’est en forgeant qu’on…". Mais parfois, plutôt que de réinventer la roue dans son coin, on gagne à rencontrer d’autres praticiens, à s’initier auprès de gens qui ont effectué des recherches, à s’inspirer de l’expérience des aînés. C’est bien comme cela d’ailleurs qu’autrefois, on embrassait une carrière dans n’importe quel artisanat.